Je suis tombée sur un ouvrage de Martin Caparros, romancier et journaliste : « La Faim », qui parcourt des pays où les êtres meurent de faim et, s’ils n’en meurent pas, ne pourront jamais devenir ce qu’ils auraient pu être.* Un livre qui fait écho à cette parole de Gandhi.

Lorsque l’on sait que nos productions pourraient nourrir tous les affamés de la terre sans difficulté – ce qui n’est plus à démontrer- on a beau détourner les yeux des images d’enfants faméliques, on ne peut nier la cruauté du monde dans lequel on évolue sinon avec complaisance du moins avec inconscience .

Comme il ne nous est pas possible de nous engager tous dans une ONG afin de contribuer à des projets aidant les populations à subvenir à ce besoin primaire vital, ni de donner beaucoup d’argent pour infléchir la famine, nous nous sentons parfois impuissants à en changer le cours (et pas seulement celui de la bourse).

Cependant, nous avons quelques moyens : il est, modestement mais efficacement, à notre portée de nous indigner, de penser décroissance et de refuser un mode de consommation qui annihile tout espoir de certains peuples de vivre décemment de leur agriculture, de soutenir les initiatives locales qui luttent contre le gaspillage et prônent la redistribution des surplus, ou encore par une action éducative, à la manière du colibri qui ne fait « que » sa (petite) part pour éteindre l’incendie qui ravage la jungle amazonienne, de contribuer à la prise de conscience de la profonde injustice qui brise une part considérable de l’humanité et, par là-même, dégrade notre propre humanité.

« Vous donnez peu lorsque vous donnez de vos biens. C’est lorsque vous donnez de vous-même que vous donnez vraiment » (Khalil Gibran). Cette forme précieuse de don est un pas réel vers la liberté, celle de faire du bien par un choix personnel et dans l’ombre.

*in Psychologies magazine n° 356.