Les trois enseignements du Bouddha (ou les trois sceaux du Dharma) sont l’impermanence, le non-soi (principe de vacuitĂ©) et le nirvana. Après l’impermanence dans l’article du 26 novembre du Champ des Possibles, Ă©voquons le nirvana.

J’ai connu un ĂŞtre de lumière qui, au crĂ©puscule de sa vie, parvint Ă  exprimer les premières lettres du mot (n-i-r-v…) pour exprimer l’Ă©tat dans lequel il se trouvait dĂ©sormais en position allongĂ©e. Cela m’avait abasourdie. Mais derrière la lĂ©gère pointe d’humour en cet instant si particulier je pouvais percevoir l’immense libertĂ© crĂ©Ă©e par la fin imminente des souffrances et, au-delĂ , la paix intĂ©rieure qui se rapprochait.

Le lien entre le nirvana et la mort (mais l’un n’est pas l’autre) m’a alors frappĂ©e et je me suis penchĂ©e sur cette notion si familière (voire galvaudĂ©e) et pourtant si Ă©trange.

*Le troisième sceau du dharma est le nirvana, c’est-Ă -dire la soliditĂ© et la libertĂ©, la libertĂ© de toutes les idĂ©es et de toutes les notions. Le mot “nirvana” veut dire littĂ©ralement “l’extinction de tous les concepts”. Grâce Ă  l’intĂ©gration dans la pratique des deux autres sceaux, l’impermanence et le non-soi, vous vous libĂ©rez des notions et des concepts et vous apprenez Ă  vous libĂ©rer de la souffrance et de la peur. C’est le nirvana, le Royaume de Dieu.

Ce qui nous fait peur sont les notions de naissance et de mort, de croissant et de dĂ©croissant, d’ĂŞtre et de non-ĂŞtre. Le nirvana signifie l’extinction de toute notion et de toute idĂ©e. Nous pouvons ĂŞtre libre de ces notions, nous pouvons toucher la paix de notre vraie nature.*

Dans le bouddhisme, le nirvana n’est pas le paradis que nous imaginons, il est la finalitĂ© pratique de l’Eveil, par l’extinction (de la flamme des passions qui reprĂ©sente l’ignorance et la douleur) et la libĂ©ration (du cycle des renaissances, des rĂ©incarnations – samsara). Par extension positive, cela aboutit au dĂ©tachement et Ă  la paix intĂ©rieure totale et permanente. Le parinirvana est lui-mĂŞme atteint lors de l’extinction complète, la mort d’un bouddha.

Mais peut-ĂŞtre nous est-il possible d’atteindre cet Ă©tat durant notre vie sans attendre notre extinction ?

En effet, allons plus loin, car  il est vrai que “lorsque nous dĂ©couvrons la signification exacte du mot nirvana, l’idĂ©e d’une extinction dĂ©finitive de notre petit ego nous est plutĂ´t inconfortable”, indique Christophe AndrĂ© dans son article relatant l’histoire de la statue de sel http://psychoactif.blogspot.fr/2014/11/le-nirvana-et-la-statue-de-sel.html.

Le nirvana ne serait donc pas rĂ©servĂ© au bouddhiste et-ou concevable uniquement Ă  la fin de la vie ? Il faut croire que l’on pourrait ressentir cet Ă©tat auparavant.

“MallĂ©able, l’esprit est capable de changement. Apprenons donc Ă  voir dans quelle mesure nous pouvons le transformer, identifions les moyens qui permettent d’y parvenir et mettons-les en Ĺ“uvre. Le samsara, ou cercle des existences, et le nirvana, son dĂ©passement, ne sont pas comme des lieux gĂ©ographiques Ă©loignĂ©s l’un de l’autre. Ce sont deux Ă©tats de l’esprit. Le samsara est une dĂ©viation par rapport Ă  la connaissance, une vision distordue de la rĂ©alitĂ© qui assujettit l’esprit aux Ă©motions nĂ©gatives, tandis que le nirvana est un Ă©tat de libertĂ© intĂ©rieure, affranchi de tout obstacle conceptuel et Ă©motionnel”. Cet enseignement donnĂ© en 1998 par le 14e Dalai Lama, Tenzin Gyatso, nous y invite : le nirvana ici et maintenant ? et comment?

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Bouddha en position de nirvana, attendant paisiblement la mort, allongé sur le côté.

*(..)* Passage extrait de “Il n’y a ni mort ni peur” de Thich Nhat Hanh, ed. Pocket.