Comme par l’an passé, je suis allée faire mon petit tour en “humanie” : la patrie où se côtoient les spiritualités, les humanités, les fraternités. Quel bonheur de se frotter à une diversité d’esprits et de volontés, quel regain de confiance à l’écoute de paroles bienveillantes et utiles, de projets porteurs de progrès pour le vivre ensemble ! On n’est pas épargné par les pincements au coeur lorsque la détresse s’exprime au travers de personnes fragiles, des isolés ou des migrants. Mais c’est le pas dansant que j’ai quitté le parc où les Dialogues en humanité se déroulaient (ils ont lieu dans plusieurs villes du monde).

J’ai été  tour à tour poussée dans mes retranchements lors d’un atelier de neurosciences sur le stress, fascinée par celui du yoga chamanique et attendrie par les remarques des enfants sur le droit d’asile. Puis j’ai applaudi aux initiatives des personnes qui se sont exprimés lors de l’Agora “l’intériorité citoyenne et le rapport au politique”.

Dès après la consécration de cet agora par une ouverture chamanique et tous nos prénoms prononcés d’une seule voix pour créer le mantra de cet espace de parole, le ton est donné par un responsable d’ONG italien : “comment est-il possible de continuer à vivre dans ce monde où tant de choses terribles arrivent sans rien faire pour le changer?”…

Pourtant, Alba, chamane brésilienne, répond que l’on ressent dans ce monde, comme en ce jour en ce lieu, une force de vie entre nous. Alors comment la libérer pour qu’elle devienne une force politique, pour qu’elle change la politique? Car, ajoute une autre personne, faire de la politique, c’est prendre soin les uns des autres et de la nature. Nous sommes donc tous acteurs et protagonistes.

Une proposition est émise pour faire coïncider intériorité et politique : s’éduquer soi-même à la paix et faire cesser la guerre entre les individus dès l’école, dire stop à la compétition, soeur de la violence. En effet, la compétition est source de frustration, laquelle engendre la colère, qui devient stress puis violence. A l’inverse, témoigne une médecin, le métabolisme humain, qui est l’union des contraires (de l’anabolisme, le début et du catabolisme, la fin des molécules) permet la paix intérieure et de ne plus être en opposition. Je peux accepter mon avis et celui de l’autre, contraire. Nous pourrions, si nous le souhaitions, ne plus être compétiteurs mais partenaires. Or nous devons essayer de réveiller cette graine de paix qui sommeille en chacun de nous et planter de telles semences par effet de contamination positive.

Cela implique forcément une cohérence personnelle entre ce que l’on fait et ce que l’on dit : un élu local nous explique comment, après de longues années à oeuvrer en ce sens au sein de sa municipalité, il a démissionné de ses mandats, non pour baisser les bras mais pour utiliser son expérience politique au service des associations.

La chamane complète les propos émis par sa conviction que l’on est en train de construire un autre moment de notre planète et que notre appel est entendu par les esprits.

Tous s’accordent sur l’urgence du changement, la nocivité des rapports de force qui sont des rapports de pouvoirs et que les citoyens pourraient désamorcer dans certaines situations, en effectuant un acte militant civil vers le politique. Plusieurs témoignages d’initiatives concrètes  et transposables fusent. C’est à la fois rassurant et enthousiasmant. C’est cela que j’aime dans ce type de manifestations.

Ce qui me plaît aussi dans ces journées c’est qu’elles permettent de sortir de l’entre soi et qu’elles illustrent la représentativité des humains que nous sommes, bien en dehors de colloques et conférences où éminences grises le disputent aux médias et politiciens. Il y avait certes Edgar Morin pour clôturer ce festival sous les arbres à palabre, mais même s’il y avait eu le Dalaï Lama, je suis sûre que les trois journées auraient gardé leur simplicité et leur sincérité.