Les trois enseignements du Bouddha (ou les trois sceaux du Dharma) sont l’impermanence, le non-soi et le nirvana. Attardons-nous aujourd’hui sur l’impermanence, premier sceau.

« Cela ne veut pas seulement dire que tout change. En regardant profondĂ©ment la nature des choses, nous voyons que rien ne reste identique pendant deux moments consĂ©cutifs. Comme rien ne reste identique d’un instant Ă  l’autre, rien n’a d’identitĂ© fixe ou permanente.

HĂ©raclite dit qu’on ne se baigne jamais deux fois dans le mĂȘme fleuve : l’eau aujourd’hui est totalement diffĂ©rente de celle dans laquelle nous nous sommes baignĂ©s hier et pourtant c’est la mĂȘme riviĂšre.

La pratique et la comprĂ©hension de l’impermanence ne sont pas une autre description de la rĂ©alitĂ©. C’est un outil pour nous aider dans notre transformation, notre guĂ©rison et notre Ă©mancipation : grĂące Ă  l’impermanence, tout est possible, la vie elle-mĂȘme est possible.

Si un grain de blĂ© n’Ă©tait pas impermanent, il ne pourrait jamais se transformer en tige de blĂ©, qui se transforme en Ă©pi de blĂ©, que nous mangeons. De mĂȘme, si notre enfant n’Ă©tait pas impermanent, il ne pourrait devenir un adulte et nos petits enfants ne pourraient jamais se manifester.

Nous pouvons alors nous rĂ©jouir de l’impermanence qui, si nous la pratiquons avec le regard profond, vit avec nous-mĂȘme et devient une clĂ© qui ouvre la porte de la rĂ©alitĂ©, efface la tristesse et la souffrance provoquĂ©es par le changement et nous fait mieux apprĂ©cier le moment prĂ©sent Ă  passer avec ce qui est appelĂ© Ă  s’en aller.

Il faut donc voir les choses, les ĂȘtres mais Ă©galement les Ă©motions avec les yeux de l’impermanence : la colĂšre ou la haine sont aussi impermanentes. La raison pour laquelle nous sommes assez bĂȘtes pour nous faire souffrir et faire souffrir l’autre , c’est que nous oublions que l’autre est impermanent. Le jour oĂč nous mourrons, nous perdrons toutes nos possessions, notre pouvoir, notre famille, tout. Notre libertĂ©, notre paix et notre joie dans l’instant prĂ©sent sont nos biens les plus prĂ©cieux. Mais sans une comprĂ©hension Ă©veillĂ©e de l’impermanence, il est impossible d’ĂȘtre heureux.

Lorsque vous ressentez de la colĂšre pour quelqu’un, regardez le avec les yeux de l’impermanence : si cette personne n’Ă©tait plus lĂ , que ressentiriez-vous? Imaginez, en fermant les yeux, la dimension ultime. C’est-Ă -dire que vous devez visualiser l’autre dans cent ans : vous serez alors heureux d’ĂȘtre en vie et heureux que l’autre soit vivant aujourd’hui. Dans la dimension ultime, la colĂšre n’existe pas. Il suffit d’inspirez et d’expirez, de se projeter dans l’avenir.

Si nous sommes capables de comprendre et de nous souvenir que la vie est impermanente, nous devrions faire notre possible pour rendre l’autre heureux ici et maintenant. Et si nous vivons avec la comprĂ©hension de l’impermanence, nous cultivons et nourrissons notre amour, qui peut durer. »

Thich Nhat Hanh in Il n’y a ni mort ni peur.

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