Dans le bouddhisme tibĂ©tain figurent les trois sceaux du Dharma : l’impermanence, le nirvana et le non-soi. Les deux premiers ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s dans de prĂ©cĂ©dents posts (cliquer sur le terme). IntĂ©ressons-nous aujourd’hui au non-soi tel que nous en parle Thich Nhat Hanh*.
Nous avons vu que pour l’impermanence – le concept selon lequel que tout change – il « suffit » (hum) de penser que les choses et les gens ne durent pas pour s’extraire de la souffrance de les perdre. Pour le nirvana, nous pouvons imaginer que la libertĂ© totale est Ă notre portĂ©e lorsque tout s’Ă©teint, en particulier les notions de souffrance et de peur attachĂ©es aux concepts et aux notions qui dirigent notre esprit.
Mais je crois que c’est avec le non-soi que les choses se compliquent ! đ
Ce troisiĂšme enseignement du Bouddha renvoie au principe de vacuitĂ©, qui n’est pas le vide mais transcende tous les concepts d’ĂȘtre et de non-ĂȘtre : il signifie l’absence d’un soi sĂ©parĂ©.
« L’impermanence, c’est regarder la rĂ©alitĂ© du point de vue du temps. Le non-soi regarde la rĂ©alitĂ© du point de vue de l’espace. Il y a deux cĂŽtĂ©s de la rĂ©alitĂ©. » nous explique le maĂźtre bouddhiste.
« Comme il n’y a rien qui ne change pas (l’impermanence), comment pourrait-il y avoir un soi permanent? car lorsque l’on parle de « soi », on parle de quelque chose qui serait identique et ne changerait pas chaque jour. Or rien n’est ainsi. Notre corps est impermanent, nos Ă©motions et nos perceptions sont impermanentes. Notre colĂšre, notre tristesse, notre amour, notre haine et notre conscience sont aussi impermanents. Alors quelle est cette chose permanente que l’on puisse appeler un soi? (…)
Rien ne peut exister de par soi-mĂȘme. Toute chose dĂ©pend de toutes les autres. C’est ce que l’on appelle l’inter-ĂȘtre. Etre signifie donc inter-ĂȘtre. (…)
Le papier inter-est avec le soleil, la terre, l’arbre et les ouvriers qui l’ont fabriquĂ©. Il en va de mĂȘme avec la fleur qui, comme tout le reste, est entiĂšrement faite d’Ă©lĂ©ments non-fleur : les nuages, la terre, la pluie, le temps et l’espace. Elle ne peut exister uniquement par elle-mĂȘme. Elle n’a pas de soi sĂ©parĂ©. »
Bon, tout cela pour expliquer que nous sommes inter-existants sur cette terre, dans le cosmos? Eh bien oui, tout simplement. Mais il est bon d’en prendre conscience autrement que par le principe spirituel d’ĂȘtre reliĂ©s les uns aux autres et Ă la terre. Je me sens inter-ĂȘtre avec l’homme stressĂ© qui marmonne  au guichet, avec l’arbre ancestral que j’enserre lors d’une balade, avec l’enfant qui semble me regarder Ă travers l’Ă©cran de tĂ©lĂ©, avec la femme souriante qui me tend mes courses et avec le chien qui dort Ă mes pieds lorsque je suis absorbĂ©e dans ma lecture.
Et puis le non-soi m’invite volontiers Ă diminuer mon ego, et c’est peut-ĂȘtre en fait ici que les choses se compliquent encore ! đ
*in Il n’y a ni mort ni peur. Ed. Pocket
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