Il était une fois un ex-enfant, devenu un adulte important, très sollicité et très occupé. Quand je précise important, je veux dire qu’il avait acquis dans le monde de l’éducation une certaine réputation, qu’il était consulté et donnait des conférences sur la famille et l’école. Par ailleurs il avait élevé plusieurs enfants, devenus à leur tour des adultes et depuis quelques temps il songeait à prendre sa retraite sans y parvenir, pour se consacrer au jardinage, sa grande passion.Toute son enfance, cet homme avait été élevé essentiellement par sa mère, aujourd’hui âgée et qui vivait seule dans un petit appartement d’une lointaine ville de province. Et avec l’âge, la distance entre la mère et le fils leur semblait à l’un comme à l’autre, de plus en plus longue, de plus en plus grande, de plus en plus difficile à franchir.Vous l’avez deviné, il y avait entre cet homme et cette femme âgée un attachement profond. Au- delà des sentiments d’affection et d’amour qui circulaient entre eux, s’était développée au cours des vingts dernières années une relation d’échanges et de partages qui leur apportait beaucoup.Mais aujourd’hui la distance commençait à peser, surtout à la mère. Elle trouvait qu’elle ne voyait pas beaucoup son fils, en tout cas pas suffisamment.
Bien sûr, il lui téléphonait, lui envoyait des petits mots, des poèmes, des dessins humoristiques, elle lui répondait toujours dans le jour qui suivait, mais cette maman trouvait que cela ne remplaçait pas sa présence, et surtout les petits bisous de tendresse qu’ils pouvaient se donner quand ils étaient proches l’un de l’autre.
L’homme se rappela avoir lu quelque part que, lorsqu’une situation était bloquée au niveau de la réalité, on pouvait toujours tenter de l’ouvrir et de la nourrir en pratiquant des démarches symboliques. Mais comment?
Comme il était un peu bricoleur, il décida de fabriquer une boîte à bisous et de l’offrir à sa mère.
Vous ne savez peut-être pas comment fonctionne une boîte à bisous?
C’est relativement simple, à condition de respecter quelques consignes élémentaires.
Tout d’abord la boîte doit avoir un couvercle qui s’emboîte très soigneusement, de façon à ne rien laisser échapper de son contenu quand elle n’est pas utilisée. Mais vous devez l’avoir toujours proche de vous, dans un lieu d’intimité pour pouvoir vous en servir à votre convenance. Après avoir rempli la boîte de bisous variés, d’intentions de tendresse et de pensées positives, vous refermez le couvercle et l’offrez à la personne de votre choix. Le destinataire, le soir de préférence ou à d’autres moments de la journée, quand le besoin s’en fait sentir, peut soulever délicatement le couvercle et accueillir ainsi un baiser ou deux, à lui seul destinés, ou encore recevoir un message de tendresse sous la forme d’un pétale de rose ou d’une graine de tournesol (ou je ne sais quoi d’autre qui lui procure de la douceur). Il doit ouvrir la boîte avec précaution, car les baisers sont très volatils, ils ont tendance à se répandre dans la nature à la recherche de ceux qui peuvent les accepter.
Quand la boîte est vide, celui qui la possède peut demander à la personne significative de sa vie de la remplir et de la renvoyer, soigneusement fermée.
Ainsi, le jour arriva où la mère de cet homme, après avoir accueilli son fils chez elle pour un court séjour, se vit offrir une belle boîte en bois de santal, avec une très belle forme, très parfumée, délicatement décorée. Son fils lui expliqua qu’il s’agissait d’une boîte à bisous et lui apprit comment elle fonctionnait.
– Chaque fois que je viendrai te rendre visite, je remplirai la boîte de bisous pour toi seule, maman. Je te demande de veiller à ne pas l’ouvrir trop vite, à ne pas la laisser à la portée de tes petits-enfants, qui, eux, sont de grands consommateurs de bisous et auraient vite fait de vider ta boîte en une seule soirée…
-Tu es sûr que cette boite est pour moi toute seule ?
– Pour toi seule ! D’ailleurs, les bisous que j’y dépose, je ne les destine à personne d’autre qu’à toi. C’est une façon pour moi d’être présent, proche de toi, et de te témoigner mon affection tous les jours.
– Elle me semble un peu trop petite, tu ne crois pas ?
– Elle paraît petite, mais elle contient beaucoup, beaucoup de bisous et de pensées tendres pour toi!
– Et quand la boîte sera vide, je pourrai t’appeler pour que tu viennes la remplir à nouveau ?
– Je crois que tu as bien compris le fonctionnement de ma boîte.
Au début, cependant, ce ne fut pas aussi simple que cela. La mère avait tendance à ouvrir sa boîte plusieurs fois par jour, en l’approchant de son visage et même de son oreille gauche, car elle était un peu sourde de la droite. Un matin même, un peu inquiète, elle voulut vérifier s’il y avait encore des bisous et ouvrit sa boîte avec un peu de précipitation, ce qui fit que la plupart des bisous s’envolèrent.
Mais après quelques semaines d’entraînement et d’apprivoisement mutuel, la boîte à bisous fonctionna parfaitement et fut acceptée avec beaucoup de respect par la vieille femme. Elles s’entendirent à merveille jusqu’à la fin de sa vie.
Si vous ne voulez pas me croire, faites un jour l’expérience et offrez une boîte à bisous à ceux que vous aimez… quand ils sont loin de vous. »
29 février 2016 at 10:34 AM
J’adore et c’est bien de commencer la semaine avec une boîte de pensées positives. Quel beau conte et quelle bonne idée ! Le recours au symbolique quand le réel est bloqué, ça aussi c’est une excellente suggestion….
Notre monde se porterait sans doute mieux, constellé de boîtes à bisous