La vertu du silence est une des valeurs de la spiritualité : se recentrer et être dans l’instant présent devient plus facile.

Au delà, il est un outil formidable de la pensée : se taire et écouter l’autre, éteindre toute source de son -et pas uniquement les sons indésirables- le temps d’une longue respiration, ne pas émettre de bruit et entendre la nature, etc… Tout ceci permet de ne pas brouiller l’esprit par la multiplication d’objets de la pensée, de calmer le mental voire de le réduire au silence.

J’ai appris à savourer le silence plutôt que de le craindre, à endiguer mes flots de paroles qui se déversaient tant par plaisir de dialoguer que par peur de ne pas en dire assez pour être comprise ou reconnue. J’ai peu à peu compris qu’il m’aidait à me concentrer sur l’essentiel, à apaiser des relations en prenant de la distance et à savourer des moments rares. Je ne parle pas du silence qui légitime certaines paroles ou certains actes indignes, ni de celui qui nous empêche d’avancer. Comme le disait Martin Luther King, “notre vie commence à se terminer le jour où nous devenons silencieux à propos des choses qui nous importent”. J’évoque ici le silence lumineux et bienfaiteur. Car j’ai découvert une vertu cachée du silence : il éclaire la pensée ou, mieux, lui donne une énergie.

L’observation silencieuse ou la réflexion dans le calme absolu sont dotées d’un pouvoir de clairvoyance quasi surnaturel! Ne dit-on pas, lorsqu’un silence s’installe, qu’ “un ange passe” ? J’ai en effet observé que le silence laisse parler le coeur et décuple l’intuition nécessaire à passer à l’action… ou passer son chemin.

Le silence ne serait donc pas seulement utile au repos de mon être mais constituerait un facteur de sagesse? Pour cela, il me faut aller plus loin et “conquérir” – j’utilise le mot à dessein car cela représente une victoire sur un cerveau en ébullition-  le silence intérieur, celui qui favorise la rencontre avec soi-même et l’acceptation de ce qui est.

Pour Bouddha “deux choses participent de la connaissance : le silence tranquille et l’intériorité”.

J’ai toujours été hypersensible au bruit, ne parvenant pas à l’ignorer, jusqu’à une grande intolérance (plutôt pénible comme défaut je vous l’accorde!) quant aux sons émis par mes congénères. Or il se trouve que la pratique du silence intérieur me permet de mieux m’extraire, au moins temporairement, de ces gênes acoustiques, d’en sourire parfois et de passer à autre chose. Toutefois, si j’accède au silence intérieur, je peine encore à y demeurer durablement.

L’activité physique (dont le tir à l’arc ou les arts martiaux) entraîne à l’exercice du silence, mais en mouvement. La méditation sert, immobile, le silence sur un plateau. Celle de la prière (ou la simple visite d’un lieu de culte) également. Rien de tel qu’une pause ou un soupir pour harmoniser la partition musicale de nos journées. Mais dans le déroulé quotidien, la pratique du bruit est fort tenace et celle du silence devient un art.

Pour le cultiver, je peux ainsi facilement mettre mon téléphone en mode silence, éteindre la radio dans la voiture, ne plus allumer la télé en me couchant, et de mieux en mieux ne pas reprendre systématiquement la parole après mon interlocuteur, même si cela me paraît encore étrange de laisser la conversation s’éteindre, et, qui plus est, sur les mots d’un autre :-). A cet égard, je crois que ce n’est pas tant le silence qui éloigne les êtres proches que les mots distants.

L’humoriste Bemard Shaw disait : “Rien ne vaut le silence. Je voudrais parler des heures et des heures là-dessus”. Je terminerai donc mon billet sur un silence… qui en dit long.

 

*la neige évoque pour moi un profond silence, enveloppant et lumineux. Et pour vous, quelle image revêt le silence ?